Rencontre avec Sébastien Dominici
Vous êtes entré dans le monde de l’art par le surf. C’est assez inhabituel…
Oui et tout ceci, c’est le hasard, la chance. J’ai toujours vécu en Corse. Mais très tôt, j’ai eu envie de découvrir, de rencontrer. L’été, mes parents m’envoyaient au village, au-dessus de Ghisonaccia pour m’éloigner de possibles bêtises. Là-haut, je retrouvais mes cousins de la diaspora, ceux qui revenaient de Paris ou de Marseille. Ce sont eux les premiers qui m’ont fait découvrir les contre-cultures, le graph. Et puis je faisais partie d’un groupe de surfeurs corses, précurseurs de la discipline dans l’île. On ne se rend pas compte, mais dans les années 90, c’était encore quelque chose de très peu connu ici. Ce n’était pas facile de pratiquer là où nous étions. Alors on a commencé à voyager. Vers 15-16 ans, je suis allé au pays basque, et ensuite en Indonésie, en Californie, dans les Caraïbes, et j’ai découvert l’identité visuelle, culturelle, attachée au monde du surf. J’écoutais les Clash, les Ramones; je découvrais les Black Flag, Raymond Pettibon, la culture punk et Basquiat. C’est ma soif de découverte qui m’a guidé jusque-là.
Comment passe-t-on des planches de surf à la toile ?
Un de mes amis s’est mis à fabriquer des planches de surf, et je les customisais. Cela marchait bien et m’a donné confiance en moi. moi. Alors j’ai osé montrer ce que je faisais sur toile, et sur skate. La galerie Gour-Beneforti à Bastia a été la première à me faire confiance. Monsieur Gour m’a vraiment aidé, il m’a conseillé et aidé à évoluer. Ensuite la galerie Saltiel à Aix-en-Provence et l’Acid Gallery à Lille m’ont permis d’être visible ailleurs.
Qu’est-ce qui vous anime ?
Comme beaucoup d’artistes, je suis un révolté. J’ai horreur de l’injustice. La peinture me fait du bien, elle me permet de dénoncer sans être catégorique. J’ai besoin de parler de tout ce qui ne va pas dans le monde (pour moi). Surtout, j’essaie d’être libre, spontané, émerveillé aussi. Comme un enfant.
Quelle est la place de l’écriture dans votre travail ?
Les mots sont un jeu de piste, fait de petits symboles, pour la puissance du dessin, du trait naïf. Ils s’articulent autour d’un élément central fort, ce qui génère un double impact visuel, de loin et de près. Je suis contre l’effet instantané dont on se lasse vite. Je veux qu’on puisse découvrir des choses longtemps dans mon travail.
Sébastien Dominici porte en lui le métissage des influences, des techniques. Jaillissent de ses œuvres une respiration, une langue universelle, haute en couleurs et en hiéroglyphes d’une contre-culture non encore identifiée. De son île, il bâtit un archipel. ISSI Magazine et Acid Gallery ont réalisé un livre sur l’art de Sébastien Dominici. Retraçant sa vie et ses œuvres, ce livre est le premier du genre pour l’artiste. Sebastien Dominici se dévoile, raconte sa jeunesse passée entre Bastia et le petit village de Prunelli jusqu’à sa rencontre avec Eric Delecourt d’Acid Gallery. Un livre collector édité en série limitée à 500 exemplaires, disponible dès maintenant sur le site www.issieditions.fr ou chez Acid Gallery à Lille.